Marx a écrit les Grundrisse durant son exil à Londres, un des moments les plus difficiles de son existence, alors que sévissait la première crise financière mondiale. « Les capitalistes qui crient tant contre le “droit au travail” exige [nt] désormais partout […] le” droit au profit” au détriment de la communauté », écrivait-il à Engels en 1857.
En 1848, L’Europe est frappée par de nombreuses insurrections populaires s’inspirant des principes de liberté politique et de justice sociale. La faiblesse d’un mouvement ouvrier qui vient de naître, l’abandon par la bourgeoisie des idéaux qu’elle partageait au début avec ce dernier, la répression militaire et le retour de la prospérité économique entraînent partout la défaite de ces insurrections, de sorte que la réaction reprend fermement en main les rênes du pouvoir. Marx soutient les mouvements révolutionnaires à travers le quotidien Neue Rheinische Zeitung. Organ der Demokratie, dont il est fondateur et rédacteur en chef. Dans les colonnes de ce journal, il poursuit une oeuvre intense d’agitation, en soutenant la cause des insurgés et en incitant le prolétariat à prôner « la révolution sociale et républicaine »l. Pendant cette période, il vit entre Bruxelles, Paris et Cologne, séjourne à Berlin, Vienne, Hambourg et dans beaucoup d’autres villes allemandes, établissant partout des contacts pour développer les luttes en cours. C’est à cause de cette incessante activité militante qu’il est rattrapé, d’abord en Belgique, ensuite en Prusse, par des décrets d’expulsion, et quand, Louis Napoléon Bonaparte étant alors président de la République, le gouvernement français le somme de quitter Paris, Marx décide de se rendre en Angleterre. Il franchit la Manche à l’été 1849, à l’âge de 31 ans, pour se fixer à Londres.
Convaincu au début qu’il ne doit y faire qu’un bref séjour, il y restera pour le restant de ses jours, en apatride.
RENDEZ-VOUS AVEC LA RÉVOLUTION
Les premières années de l’exil anglais sont marquées par la misère la plus noire et les maladies qui provoquent la tragique disparition de trois de ses enfants. Bien que Marx n’ait jamais vécu dans l’aisance, cette phase représente sans aucun doute le pire moment de son existence. De décembre 1850 à septembre 1856, il vit avec sa famille dans un logement de deux chambres au 28 de Dean Street, à Soho, l’un des quartiers les plus pauvres et les plus délabrés de la capitale. À l’automne 1856, en fait, les époux Marx, leurs trois filles Jenny, Laura, Eleanor, ainsi que leur fidèle gouvernante Hélène Demuth, qui faisait partie intégrante de la famille, se fixent dans la banlieue nord de Londres, au 9 de Grafton Terrace, où les loyers sont plus modiques. Après la mort de l’oncle et de la mère de sa femme, Jenny von Westphalen, le double héritage a permis, de manière inattendue, d’enrayer le cercle vicieux de l’endettement, le rachat au mont-de-piété de certains vêtements et effets personnels, ainsi qu’un changement d’appartement. Le bâtiment où les Marx vivent jusqu’à 1864 se trouve dans une zone d’urbanisation récente, sans sentiers battus pour la relier au centre et plongée la nuit dans l’obscurité. Néanmoins la famille habite enfin dans une véritable maison, réquisit minimum pour avoir « au moins l’apparence de la respectabilité » 1.
Durant l’année 1856, Marx a abandonné complètement ses études d’économie politique, mais le surgissement de la crise financière internationale change complètement cette situation. Dans une atmosphère de grande incertitude, qui se transforme en panique générale pour enfin provoquer partout des faillites, Marx sent qu’il s’agit de passer à l’action et, prévoyant les développements futurs de la récession, écrit à Friedrich Engels: «Je ne pense pas que nous pourrons rester spectateurs encore longtemps. » 1 Ce dernier, quant à lui, déborde d’optimisme et décrit à son ami le scénario à venir : «Cette fois, ce sera un jugement dernier sans précédent, toute l’industrie européenne est ruinée, tous les marchés sont saturés […], toutes les classes aisées sont entraînées dans la ruine, il y aura banqueroute complète de la bourgeoisie, la guerre et l’anarchie au suprême degré. Je pense moi aussi que tout s’accomplira au cours de l’année 1857 » ‘.
À la fin d’une décennie marquée par le reflux du mouvement révolutionnaire et au cours de laquelle ils n’ont pas pujouer un rôle actif dans le contexte politique européen, les deux amis recommencent à échanger des messages de confiance dans l’avenir. Le rendez-vous avec la révolution, si longtemps attendu, semble désormais très proche et montre à Marx une priorité urgente : reprendre la rédaction de son « Économie » et la terminer au plus vite.
MALGRÉ LA MISÈRE ET LES MALADIES
Pour se consacrer à son œuvre avec un tel entrain, Marx aurait besoin d’un peu de tranquillité, mais sa situation personnelle, encore extrêmement précaire, ne lui laisse aucun répit. Ayant employé ses ressources pour leur nouvel aménagement, il se retrouve dès le premier mois sans argent pour payer le loyer. Il avoue donc à Engels, qui à ce moment vit et travaille à Manchester, toutes les avanies de sa nouvelle condition : « [Je suis] sans perspectives et avec des dépenses familiales en augmentation. Je ne sais absolument pas ce que je dois faire et, en réalité, je suis dans une situation plus désespérée qu’il y a cinq ans. Je pensais avoir déjà supporté le gros de cette merde, mais ce n’est pas vrai. »5 Cette lettre surprend profondément Engels, si convaincu qu’après le déménagement la situation de son ami s’est enfin stabilisée, qu’il a, en ce mêmejanvier 1857, dépensé l’argent reçu de son père à Noël pour l’achat d’un cheval destiné à sa grande passion : la chasse au renard. En tout cas, pendant ces années comme durant le reste de sa vie, Engels ne lésine pas sur l’aide apportée à Marx et à sa famille. Préoccupé par la situation, en plus d’envoyer à Marx cinq livres sterling par mois, il le prie de s’adresser toujours à lui en cas de nouvelles difficultés.
Or le rôle d’Engels ne se limite pas à celui de bailleur de fonds. Dans la solitude profonde qui accable Marx en ces années, Engels, via leur intense correspondance, est l’unique interlocuteur pour une confrontation intellectuelle: «Avant toute chose, je dois avoir ton avis» 6; il est le seul ami auquel il peut se confier dans les moments de découragement: « Écris-moi vite, parce que désormais tes lettres me sont nécessaires pour me redonner du courage. La situation est sordide. 7 II est enfin le camarade avec lequel il peut partager le goût du sarcasme que lui suggèrent les événements : «J’envie ces types qui savent faire des cabrioles. Ce doit être un moyen magnifique pour s’enlever de la tête la rage et l’ordure bourgeoise. » 1
En fait, la précarité devient très tôt de plus en plus pressante. L’unique entrée dans le budget de Marx, à côté de l’aide que lui garantit Engels, est représentée par les rémunérations que lui verse la New York Tribune, le quotidien anglophone le plus lu à l’époque. Mais les accords passés avec le journal-deux livres sterling par article-changent avec la crise économique, qui a également touché, par ricochet, le quotidien américain. Bien que Marx soit, avec le voyageur et écrivain américain Bayard Taylor, l’unique correspondant en Europe à ne pas être licencié, sa participation est réduite de deux à un article à la semaine et – « bien que pendant l’époque de prospérité ils ne m’aient pas donné un centime de plus» 9-sa rétribution diminue de moitié. Marx commente l’affaire sur un ton plaisant: «Voilà une certaine ironie du destin, que de se voir personnellement mêlé à ces maudites crises.» 10 En tout cas, assister à l’écroulement financier est pour lui un spectacle incomparable : « Il est beau de voir les capitalistes, qui crient tant contre le “droit du travail”, exiger désormais partout “le soutien public” des gouvernements, et […] faire en réalité valoir le “droit au profit” au détriment de la communauté. » 11 ; et, malgré son inquiétude, il annonce à Engels : «Quoique indigent, depuis 1849 je ne me suis jamais senti aussi à mon aise qu’avec ce krach. » 11
La naissance d’un nouveau projet éditorial rend la situation moins désespérée. Le directeur de la New York Tribune, Charles Dana, l’invite en effet à participer à la rédaction de l’encyclopédie The New Américain Cyclopaedia. Le besoin d’argent le pousse à accepter mais, pour pouvoir consacrer plus de temps à ses recherches, il confie à Engels une grande part de la tâche. Dans la division du travail établie par les deux amis, de juillet 1857 à novembre 1860, Engels rédige les articles à caractère militaire – la majorité de ceux prévus -, tandis que Marx compile plusieurs esquisses biographiques. Bien que la rémunération de seulement deux dollars par page soit très basse, elle permet néanmoins d’alléger le désastreux budget de Marx. C’est pourquoi Engels l’invite à se faire confier par Dana le plus d’articles possibles : « Nous pouvons facilement fournir autant de cette solide science qu’on en retire en compensation de solide or californien » 11; ; tandis que Marx, dans la rédaction de ses articles, suit souvent le principe: «être le moins concis possible, tant qu’on peut le faire sans lasser» 14.
Malgré ces efforts, l’état de ses finances ne s’améliore pas du tout. Il devient même si insoutenable que, assailli par des créanciers qu’il compare à des «loups faméliques»15 et manquant même de charbon pour se protéger du froid hivernal, Marx déclare à Engels en janvier 1858 : «Si cette situation perdure, je préférerais rester six pieds sous terre plutôt que de continuer à végéter ainsi. Être toujours une gêne pour les autres et, qui plus est, être personnellement tourmenté continuellement par les plus mesquines misères, est insupportable à la longue. » 16 Dans ces circonstances, il garde ses considérations les plus amères pour la sphère affective : « En privé, je me dis que je mène la vie la plus agitée qu’on puisse imaginer […] Pour ceux qui ont des aspirations plus grandes, il n’est pire idiotie que de se marier et de se livrer ainsi aux tracasseries de la vie domestique. » ” La pauvreté n’est pas le seul spectre à hanter Marx. Durant cette période comme durant la grande partie de son existence tourmentée, il est touché par différents maux.
En mars 1857 le travail nocturne excessif lui vaut une inflammation des yeux; en avril il est sujet à des douleurs dentaires ; tandis qu’en mai il souffre de manière répétée de troubles du foie qu’il tente de dompter en se «bourrant des médicaments ». Très affaibli, incapable de travailler pendant trois semaines, il mentionne à Engels: «Pour ne pas perdre tout mon temps, j’ai acquis, faute de mieux, la maîtrise du danois » ; en tout cas, « selon les promesses du docteur, j’ai l’espoir de redevenir un homme pour la semaine prochaine. Pour le moment, je suis encore jaune comme un coing et fortement irrité » Il.
Bientôt un événement bien plus grave touche la famille Marx. Début juillet, Jenny met au monde leur dernier enfant, mais le bébé, né trop fragile, meurt tout de suite après l’accouchement. Éprouvé par ce nouveau deuil, Marx confesse d’un trait à Engels: «En soi et pour soi cette mort n’est pas un malheur. Néanmoins […] les circonstances qui ont provoqué cette issue ont été de nature à ramener ce souvenir déchirant [probablement la mort d’Edgar (1847-55), l’autre enfant perdu précédemment]. Il est impossible de traiter par lettre un pareil sujet. » 19 Engels, très affecté par ces propos, répond « Il faut que tu sois au plus mal pour t’exprimer ainsi. Toi, tu peux accepter stoïquement la mort du petit, mais ta femme le pourra difficilement. » 20
Le scénario se complique encore plus lorsque Engels tombe malade et, touché par une fièvre glandulaire, ne peut travailler de tout l’été. À ce moment, Marx connaît vraiment de sérieuses difficultés. Comme les articles de son ami à envoyer à l’encyclopédie viennent à manquer, il prétend, pour gagner du temps, avoir expédié un paquet de manuscrits à New York, en soutenant ensuite que la poste les a égarés. Malgré cela, la pression à laquelle il est soumis ne diminue pas. Lorsque les événements liés à la révolte des Cipayes en Inde deviennent de plus en plus frappants, la New York Tribune attend l’analyse de son expert, ignorant que les articles concernant les questions militaires étaient en réalité écrits par Engels. Marx, contraint par les événements à assurer « l’intérim du ministère de la Guerre » 11, hasarde la thèse selon laquelle les Anglais devraient battre en retraite au début de la saison des pluies. Il informe Engels de son choix de la manière suivante : « Il est possible que je fasse mauvaise figure, mais je pourrai toujours m’en sortir avec un peu de dialectique. Bien sûrj’ai tenu mes propos de manière à avoir raison, même en cas contraire. » Il En tout cas Marx ne sous-estime pas ce conflit et, en réfléchissant sur les effets induits par ce dernier, déclare «Avec la saignée d’hommes et de lingots que cela va coûter aux Anglais, l’Inde est notre meilleure alliée. » 23
PENDANT LA RÉDACTION DES GRUNDRISSE
Misère, problèmes de santé et privations de tout type: les Grundrisse sont écrites dans ce contexte tragique. Ils ne sont pas le produit des recherches d’un penseur cossu protégé par la quiétude bourgeoise, mais l’oeuvre d’un auteur qui vit dans des conditions très difficiles et qui, soutenu uniquement par la conviction que son travail est devenu une nécessité de l’heure vu l’état d’avancement de la crise économique, trouve ainsi la force de le mener à bien.
Au cours de l’automne 1857, Engels continue à porter unjugement optimiste sur le cours des événements « le krach américain est énorme et durera encore longtemps. [… ] Le commerce est de nouveau à terre pour trois ou quatre ans, maintenant nous avons une possibilité»24 et continue donc aussi à encourager Marx: «en 1848, nous disions: notre heure est venue, et en un certain sens elle est venue, mais cette fois c’est pour de bon, il s’agit désormais de vie ou de mort» 25. D’ailleurs, sans nourrir aucun doute sur l’éclatement de la révolution, les deux amis souhaitent qu’elle n’explose pas avant que l’Europe entière ne soit contaminée par la crise et les vœux pour « l’année du tumulte » Il furent remis à 1858. Comme le montre une lettre de Jenny von Westphalen à l’ami de la famille Conrad Schramm, l’écroulement général produit des effets positifs sur Marx: «Vous pouvez vous imaginer combien le Maure est euphorique.
Sa capacité et sa facilité de travail d’auparavant sont revenues et par la même occasion la bonne humeur et la sérénité d’esprit. » 27 En effet, Marx amorce une phase d’intense activité intellectuelle, entre les articles pour la New York Tribune, le travail pour The New American Cyclopaedia, le projet, resté inachevé, d’écrire un pamphlet sur la crise en cours et, bien entendu, les Grundrisse. Mais les efforts entrepris s’avèrent excessifs même pour ses forces renouvelées, l’aide d’Engels se fait de nouveau indispensable. Au début de 1858, alors que ce dernier s’est complètement remis de sa maladie, Marx lui demande de recommencer à écrire les articles pour l’encyclopédie « Il me semble parfois que si, tous les deux jours, tu peux en expédier de petites portions, cela pourrait peut-être servir d’obstacles aux cuites qui, vu la connaissance que j’ai de Manchester, et par les temps agités qui courent, me semblent inévitables et ne te font aucun bien […] parce que je dois absolument terminer les autres travaux, qui me prennent tout mon temps. Que la maison s’écroule sur ma tête si je mens ! » 21
Engels accepte l’énergique exhortation de Marx et l’informe du fait que, après les vacances, il «éprouve le besoin d’une vie plus tranquille et active » “. Or le problème principal de Marx, c’est encore le manque de temps. Il s’en plaint de manière récurrente à son ami : « Chaque fois que je suis au [British] Museum [qui à l’époque comprenait aussi la Bibliothèque nationale],] ai un tel monceau de choses à contrôler que le temps (désormais seulement jusqu’à 4 heures) passe avant que j’aie pu me retourner. Après il y a le trajet de retour. Voilà comment on perd beaucoup de temps. »30 De plus, à côté des problèmes d’ordre pratique, s’ajoutent ceux de nature théorique: «Je suis […] misérablement freiné par des erreurs de calcul à tel point que, par désespoir, je me suis remis à étudier l’algèbre. L’arithmétique m’a toujours été étrangère, mais en passant par l’algèbre je me remets de nouveau enjambes. » 31 Enfin, la rédaction des Grundrisse est ralentie par des scrupules qui lui imposent de chercher toujours de nouvelles preuves pour établir la validité de ses thèses. En février, il expose à Ferdinand Lassalle l’état de ses recherches de la manière suivante : «Je veux te dire comment ça va avec l’Économie. Le travail est désormais rédigé. En effet, j’ai depuis quelques mois le texte définitif entre les mains. Mais les choses prennent du temps parce que des sujets dont on a fait depuis de nombreuses années l’objet principal de ses propres recherches, dès qu’on arrive à un règlement de compte final avec eux, montrent continuellement des aspects nouveaux et sollicitent de nouvelles réflexions. »
Dans la même lettre, Marx se plaint, une nouvelle fois, de la condition à laquelle il est condamné. Contraint d’employer une grande part de sa journée à rédiger des articles journalistiques, il affirme: «Je ne suis pas le maître mais l’esclave de mon temps. Il ne me reste que la nuit et, très souvent, des attaques et des rechutes de maladie de foie perturbent également ces travaux nocturnes. » 32
En effet, la maladie le frappe de nouveau violemment. En janvier 1858, il prévient Engels qu’il est en soin pour trois semaines : «J’avais trop forcé sur le travail de nuit, en ne tenant en vérité qu’avec des limonades, d’une part, et une immense quantité de tabac de l’autre. » ” En mars, il est « de nouveau mal au point » avec son foie « Le travail nocturne continuel et les nombreux petits soucis durant lajournée, dus à ma situation financière et domestique, entraînent souvent chez moi, ces derniers temps, des rechutes. » ” En avril encore, il déclare : «Je me sens si mal à propos de mon histoire de bile que cette semaine, je ne peux ni penser, ni lire, ni écrire, ni faire quoi que ce soit, sauf les articles pour la Tribune. Bien entendu, je ne dois pas sauter ces derniers, car, dès que possible, je dois honorer mes dettes pour éviter la ruine. » ”
Durant cette période, Marx a complètement renoncé aux relations politiques organisées et aux relations privées: au peu d’amis qui lui restait il raconte qu’il vit «comme un ermite» 36 ou que «les quelques connaissances je les vois rarement et, tout compte fait, ce n’est pas une grande perte » “. Ce qui attise ses espérances et le pousse à la poursuite de son travail, c’est, à côté des encouragements continuels d’Engels, la récession et sa diffusion à l’échelle mondiale : « Tout compte fait, la crise a creusé comme une bonne vieille taupe. » Il La correspondance avec Engels révèle les enthousiasmes suscités par le déroulement des événements.
En janvier, après avoir lu dans le Manchester Guardian les nouvelles venues de Paris, il s’exclame : « Il semble que tout aille mieux que ce à quoi l’on s’attendait » ” et, fin mars, en commentant l’évolution des faits, il ajoute: «En France, le chaos progresse du mieux du monde. Il sera difficile que le calme dure au-delà de l’été. » ” Certes, quelques mois auparavant il a affirmé avec pessimisme: «Après les expériences des dix dernières années, le mépris pour les masses comme pour les individus doit être si profondément enraciné chez tout être pensant que le odi profanum vulgus et arceo devient une règle de vie quasi imposée. Malgré cela, il s’agit d’états d’âme de philistins, que balaiera la première tempête» 41; ; néanmoins en mai il soutient avec satisfaction: «Dans l’ensemble, la période actuelle est agréable. Il semble que l’histoire est en train de prendre encore un nouveau départ et les signes de la dissolution complète sont délicieux pour tout esprit peu enclin à la conservation de l’état de choses présent. » ”
Engels n’est pas moins enthousiaste que son ami. C’est avec une grande ferveur qu’il raconte à Marx que le jour de l’exécution de Felice Orsini, démocrate italien auteur de l’attentat manqué contre Napoléon III, se déroule à Paris une grande manifestation ouvrière de protestation: «Alors que le grand chambardement se rapproche, il est beau d’assister à un appel de ce genre et d’entendre répondre par des centaines de milliers d’hommes: présent » 43 De plus, en fonction des développements révolutionnaires possibles, il étudie l’importance numérique des troupes françaises et avertit Marx que, pour vaincre, il sera nécessaire de former des sociétés secrètes dans l’armée ou bien qu’il faudra, comme en 1848, une prise de position anti-bonapartiste de la bourgeoisie.
Enfin il prédit que la sécession de la Hongrie et de l’Italie, ainsi que les insurrections slaves, frapperont durement l’Autriche, vieux bastion réactionnaire, et qu’à cela s’ajoutera un contrecoup généralisé de la crise dans toutes les grandes villes et dans les régions industrielles. En somme il est convaincu qu’« après la crise, il y aura un chambardement violent » “. Guidé par cet optimisme, Engels reprend ses exercices d’équitation, mais cette fois avec un objectif supplémentaire ; il écrit en effet à Marx : « Hier, j’ai sauté un terre-plein avec mon cheval et une haie de cinq pieds et quelques pouces: le saut le plus haut que j’ai jamais fait […] Quand nous rentrerons en Allemagne, nous aurons certainement quelque chose à montrer à la cavalerie prussienne. Il sera difficile pour ces messieurs de me suivre. » 15 Marx y répond avec des félicitations ironiques : « Bravo pour tes prouesses équestres. Mais attention à ne pas faire de sauts trop périlleux, car tu auras bientôt une occasion plus importante pour risquer de te casser le cou. Je ne crois pas que la cavalerie soit la spécialité où tu sois le plus nécessaire à l’Allemagne. » 46
La vie de Marx se complique. En mars, Lassalle lui apprend que l’éditeur Franz Duncker de Berlin a accepté de publier l’oeuvre en fascicules mais, paradoxalement, cette bonne nouvelle se transforme en un autre facteur déstabilisant. Une nouvelle source de tracas s’ajoute à l’autre : l’anxiété. Comme le rapporte l’énième rapport médical adressé à Engels, écrit à l’occasion parjenny von Westphalen : « La bile et le foie lui causent de nouveaux troubles […]. L’inquiétude morale et l’agitation contribuent beaucoup à la dégradation de son état. Après la conclusion du contrat avec l’éditeur cette agitation se fait bien entendu de plus en plus forte et croît de jour en jour, parce qu’il a le plus grand mal à achever son travail. »47
Durant tout le mois d’avril, Marx est touché par la plus violente maladie de foie qu’il ait jamais endurée et il ne peut plus travailler. Il se concentre exclusivement sur les quelques articles à envoyer à la New York Tribune, indispensables à sa survie, et est obligé, de surcroît, de les dicter à sa femme qui se prête au « service de secrétaire » “. Dès qu’il réussit de nouveau à reprendre la plume, il informe Engels que la cause de son silence est due simplement à l’« incapacité d’écrire», laquelle se manifeste «non seulement au sens littéraire, mais au sens littéral du mot». Il ajoute que «l’angoisse continuelle de [se] remettre au travail et ensuite, de nouveau, l’incapacité de le faire, ont contribué à empirer le mal». Son état reste de toute façon critique «Je ne suis pas en état de travailler. Si je me mets à écrire pour deux heures, je dois rester étendu pour deux jours, mort de douleur. J’attends, par tous les diables, que cet état de choses cesse la semaine prochaine. Cela ne pouvait pas plus mal tomber en ce moment. Évidemment, durant l’hiver, j’ai exagéré dans mon travail de nuit. Hinc illae lacrimae. » 49
Il essaye alors de se rebeller contre la maladie, mais après avoir pris de grandes doses de médicaments, et sans en avoir retiré le moindre bénéfice, il s’en remet au docteur qui lui impose de changer d’air pour une semaine et de « cesser, pendant un certain temps, le travail intellectuel » 51. Il décide donc de rejoindre Engels à qui il annonce : «j’ai mis le devoir au clou » 5′. Bien entendu, ensuite, durant les vingt jours passés à Manchester, il reprend la rédaction du « Chapitre sur le capital » et il écrit les dernières pages des Grundrisse.
EN LUTTE AVEC LA SOCIÉTÉ BOURGEOISE
Rentré à Londres, Marx devrait rédiger le texte à donner à la presse. Cependant, bien qu’il soit déjà en retard avec l’éditeur, il en retarde encore la rédaction. Son exigence critique s’impose, même à cette occasion, devant les besoins pratiques. Il raconte en effet à Engels : « Pendant mon absence est sorti à Londres un livre de Maclaren sur toute l’histoire de l’argent circulant qui, selon les extraits de l’Economist, est de premier ordre. Le livre n’est pas encore en bibliothèque […]. Je dois naturellement le lire avant d’écrire le mien. C’est pourquoi j’ai envoyé ma femme à la City voir la maison d’édition, mais nous avons trouvé avec effroi que cela coûte 9 shillings et 6 pences, c’est-à-dire plus que ce que contenait notre coffre-fort.
Tu me ferais donc une grande faveur si tu pouvais m’envoyer un mandat pour régler cette somme. Il est probable qu’il n’y ait rien de nouveau pour moi dans ce livre, mais vu l’importance que lui accorde l’Economist, et après les extraits que j’ai lus moi-même, ma conscience théorique ne me permet pas de continuer sans en avoir pris connaissance. » 52 La « dangerosité » des recensions de l’Economist sur la quiétude déjà éprouvée de la famille, Jenny envoyée en centre-ville pour se procurer l’origine des nouveaux doutes théoriques, les économies qui ne suffisent même pas à acquérir un livre, et les habituelles demandes à l’ami de Manchester qui doivent être régulièrement exaucées : comment mieux décrire la vie de Marx durant ces années et, en particulier, montrer de quoi était capable sa « conscience théorique » ?
En plus de sa nature complexe, les deux «ennemies» de toujours, la maladie et la misère, contribuent à retarder encore l’accomplissement de son travail. Ses conditions de santé, comme en témoignent les récits qu’il en fait à Engels, empirent de nouveau: «Les maux dont j’ai souffert avant de partir pour Manchester furent de nouveau-pendant tout l’été-chroniques, de telle sorte qu’écrire même un peu me coûte un effort énorme. » 51 De plus, ces mois sont marqués par d’insupportables instabilités économiques qui obligent les Marx à vivre, constamment, avec le « spectre d’une inévitable catastrophe finale » “. De nouveau en proie au désespoir, Marx expédie en juillet à Engels une lettre qui l’informe efficacement de la réalité qui est la sienne: «Il faut considérer en commun si, d’une manière ou d’une autre, on peut trouver une issue à la situation actuelle, parce qu’elle n’est absolument plus soutenable.
Le résultat immédiat a été queje suis désormais complètement incapable de travailler, tandis que d’une part je perds le meilleur de mon temps à courir ça et là et à faire d’inutiles efforts pour dénicher de l’argent, d’autre part ma force d’abstraction, sans doute suite à mon très grand dépérissement physique, ne résiste plus aux supplices de la maison. Ma femme a les nerfs usés par cette misère […] Toute l’histoire se résume à ceci les entrées ne sont jamais destinées au mois qui vient mais suffisent toujours seulement à payer les dettes […] ainsi cette misère n’est repoussée que de quatre semaines, durant lesquelles il faut pourtant, d’une manière ou d’une autre, aller de l’avant […] même vendre aux enchères mes meubles ne suffirait pas à apaiser les créanciers d’ici et à m’assurer une retraite sans obstacles dans un trou quelconque. Le spectacle de respectabilité maintenu jusqu’à présent a été le seul moyen d’éviter un effondrement. Pour ma part, je me ficherais de vivre à Whitechapel [le quartier est de Londres où, à l’époque, vivait une grande partie de la population ouvrière], du moment que je puisse finalement trouver une heure de tranquillité et me consacrer à mes travaux. Mais pour ma femme, étant donné son état de santé, une métamorphose de ce genre pourrait avoir des conséquences dangereuses; et également pour les filles, qui traversent l’adolescence, cela ne conviendrait pas […]. Je ne souhaiterais pas à mes pires ennemis de passer à travers le bourbier où je me trouve depuis huit semaines, et de plusj’enrage que mes capacités intellectuelles, à travers tous ces soucis, se délite et que ma capacité de travail s’en trouve brisée. » ”
Malgré son état d’indigence extrême, Marx ne se laisse pas écraser par la précarité de sa propre condition et, en se référant à l’intention de compléter son oeuvre, il déclare à son ami Joseph Weydemeyer : «Je dois poursuivre mon but quoi qu’il en coûte et ne pas permettre à la société bourgeoise de me transformer en une machine à faire de l’argent. » ”
Cependant, au cours des mois, la crise économique s’affaiblit et bientôt les marchés recommencent à fonctionner régulièrement. En effet, en août, Marx se tourne découragé vers Engels: « Ces dernières semaines, le monde est redevenu horriblement optimiste» 57 ; et ce dernier, en réfléchissant sur la manière dont a été absorbée la surproduction de marchandises, estime: « On n’avait encore jamais vu un reflux si rapide d’une vague aussi violente. » ” La certitude d’une révolution prochaine qui a animé les deux amis depuis l’automne 1856 et a poussé Marx à écrire les Grundrisse laisse la place à la désillusion la plus cuisante : « Ce n’est pas la guerre. Tout est bourgeois. »
Il Et si Engels fulmine contre 1’« embourgeoisement toujours plus grand du prolétariat anglais », phénomène qui, à son avis, amènerait la nation exploiteuse du monde entier à avoir un « prolétariat bourgeois à côté de la bourgeoisie» 6°, Marx s’agrippe, jusqu’au bout, à tout épisode significatif, fût-il minime : « Malgré le tournant optimiste du commerce mondial […] on peut se consoler du fait qu’en Russie la révolution a commencé, parce que je considère la convocation générale des “notables” à Petersbourg comme son début. » Ses espérances touchent aussi l’Allemagne : «En Prusse, les choses vont plus mal qu’en 1847 », sans parler du soulèvement de la bourgeoisie tchèque pour l’indépendance nationale : « Il y a des mouvements extraordinaires chez les Slaves, spécialement en Bohême, qui en vérité sont contre-révolutionnaires, mais donnent un ferment au mouvement. » Enfin, de manière caustique, comme s’il se sentait trahi, il affirme : « Cela ne fera guère de mal aux Français lorsqu’ils verront que le monde s’est mis à bouger même sans eux. »
Cependant Marx doit se rendre à l’évidence : la crise n’a pas provoqué les conséquences sociales et politiques prévues avec tant d’assurance. Pourtant; il reste encore fermement persuadé que la révolution en Europe n’est qu’une question de temps et que le problème se poserait par rapport à de nouveaux scénarios mondiaux ouverts par les transformations économiques. Ainsi, dans une sorte de bilan politique des événements les plus récents et de réflexion sur les perspectives futures, il écrit à Engels: «Nous ne pouvons nier le fait que la société bourgeoise a vécu, pour la seconde fois, son xvie siècle-un xvi e siècle qui, je l’espère, sonnera sa mort comme le premier avait adulé sa naissance. La véritable tâche de la société bourgeoise consiste à créer un marché mondial, au moins dans ses grandes lignes, et une production qui s’appuie sur ces bases.
Comme la terre est ronde, il me semble que, avec la colonisation de la Californie et de lAustralie et avec l’ouverture de la Chine et du Japon, cette tâche a été menée à bien. La question difficile pour nous est la suivante : sur le continent la révolution est imminente et prendra tout de suite un caractère socialiste. Mais ne sera-t-elle pas nécessairement étouffée dans cette petite partie du monde, étant donné que le mouvement de la société bourgeoise est encore ascendant sur une aire beaucoup plus grande ? » 62 Ces pensées traduisent deux des plus marquantes prévisions de Marx une juste, qui le pousse à deviner, plus qu’aucun autre de ses contemporains, le développement du capitalisme à l’échelle mondiale, et une autre, erronée, fondée sur la conviction de l’avènement inéluctable de la révolution prolétarienne en Europe.
Les lettres à Engels contiennent, enfin, les critiques mordantes que Marx adresse à ceux qui, bien que militant dans le camp progressiste, demeurent pourtant toujours ses adversaires politiques. À côté de l’une de ses cibles préférées, Pierre-Joseph Proudhon, principal théoricien du socialisme, à l’époque hégémonique en France, que Marx considère comme le « faux frère» 63 dont le communisme doit se débarrasser, il y en a bien d’autres. Avec Lassalle par exemple, Marx a fréquemment des rapports de rivalité et lorsqu’il reçoit son dernier livre, La philosophie d’Héraclite, l’obscur d’Éphèse, il ne se dément pas et le liquide comme un «pâté insipide» 64.
En septembre 1858, Giuseppe Mazzini publie son nouveau manifeste sur la revue Pensiero e Azione mais Marx, qui n’avait aucun doute sur son compte, profère: «C’est toujours la même vieille bourrique» 65: au lieu d’analyser les causes de la défaite de 1848-49, il « s’évertue encore à prôner des panacées pour guérir de la [… ] paralysie politique » Il l’émigration révolutionnaire. À l’adresse de Julius Frôbel, député de l’assemblée de Francfort en 1848-49 et représentant typique des démocrates allemands réfugiés à l’étranger qui se sont ensuite éloignés de la vie politique, il lance « Dès que ces individus ont trouvé leur pain et leur fromage, il ne demandent qu’un prétexte quelconque pour dire adieu à la lutte. » Il Enfin, plus ironique que jamais, il raille « l’activité révolutionnaire » de Karl Blind, l’un des chefs de l’émigration allemande à Londres: «Par l’intermédiaire de quelques connaissances à Hambourg, il fait expédier aux journaux anglais des lettres (rédigées par lui-même), dans lesquelles on parle de l’effet que font ses ouvrages anonymes. Ensuite, ses amis décrivent de nouveau dans lesjournaux allemands le grand cas qu’en font les Anglais. Tu vois, c’est cela être un homme d’action. »68
L’engagement politique de Marx fut d’une tout autre nature. S’il n’ajamais cessé de lutter contre la société bourgeoise, avec une constance égale il a conservé la conscience du fait que, dans cette bataille, sa tâche principale consistait à forger la critique du mode de production capitaliste et que cela ne lui serait possible qu’au moyen d’une étude des plus rigoureuses de l’économie politique et de l’analyse constante des événements économiques. C’est pourquoi, dans les périodes où la lutte des classes a connu un reflux, il a décidé d’utiliser ses forces de la meilleure manière possible et s’est tenu longtemps éloigné des vains complots et des intrigues personnelles auxquelles se réduisaient les conflits politiques de l’époque: «Depuis le procès de Cologne [celui mené contre les communistes de 1853], je me suis complètement retiré dans ma chambre d’étude. Mon temps m’était trop précieux pour le dilapider en fatigues inutiles et en litiges mesquins. » 69 En effet, malgré la litanie de tous ses problèmes, Marx avance dans son travail et, en juin 1859, publie Critique de l’économie politique. Premier tome, écrit dont les Grundrisse ont été un laboratoire initial plus vaste.
Cette année se terminait pour Marx, semblable aux précédentes, comme le résume son épouse Jenny: « 1858 ne fut pour nous ni bonne ni mauvaise; ce fut une année où les jours se succédaient, chacun complètement égal à l’autre. Manger et boire, écrire des articles, lire les journaux et aller se balader : ce fut toute notre vie. »70 Jour après jour, mois après mois et année après année, Marx continua à travailler à son œuvre pour le restant de ses jours. Pour le guider dans sa lourde tâche de rédaction des Grundrisse et de tant d’autres volumineux manuscrits préparatoires du Capital, en plus de sa grande détermination, s’ajoutait la certitude inexpugnable que son existence appartenait au socialisme, à la cause de l’émancipation de millions d’hommes et de femmes.
Traduit de l’italien par Aymeric Monville
Références
1. Karl Marx, La borghesia e la controrivoluzione, in Karl Marx, Friedrich Engels, Opere, vol. VIII, Rome, Editori Riuniti, 1976, p. 176. Les traductions de Marx et Engels figurant dans le présent texte sont traduites en français à partir des citations revues par l’auteur en italien. Les références biographiques renvoient à l’édition Karl Marx, Friedrich Engels, Opere, Rome, Editori Riuniti, 1972-1990.
2. Jenny Marx, Umrisse eines bewegten Lebens, in Hans Magnus Enzensberger (dir.), Colloqui con Marx e Engels, Turin, Einaudi, 1977, p. 216. Selon l’épouse de Marx, ce changement était devenu absolument nécessaire « comme tous devenaient des philistins, nous ne pouvions pas continuer à vivre en bohémiens» (ibid.).
3. Karl Marx à Friedrich Engels, 26 septembre 1856, in Karl Marx, Friedrich Engels, Opere, vol. XL, Rome, Editori Riuniti, 1973, p. 76.
4. Friedrich Engels à Karl Marx, après le 26 septembre 1856, ibid., p. 78.
5. Karl Marx à Friedrich Engels, 20 janvier 1857, ibid., p. 98.
6. Karl Marx à Friedrich Engels, 2 avril 1858, ibid., p. 333.
7. Karl Marx à Friedrich Engels, 18 mars 1857, ibid., p. 114.
8. Karl Marx à Friedrich Engels, 23 janvier 1857, ibid., p. 103.
9. Karl Marx àjoseph Weydemeyer, 1er février 1859, ibid., p. 599.
10. Karl Marx à Friedrich Engels, 31 octobre 1857, ibid., p. 216.
11. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 décembre 1857, ibid., p. 236.
12. Karl Marx à Friedrich Engels, 13 novembre 1857, ibid., p. 217.
13. Friedrich Engels à Karl Marx, 22 avril 1857, ibid., p. 131.
14. Karl Marx à Friedrich Engels, 22 février 1858, ibid., p. 299. Même s’ils contiennent quelques réflexions intéressantes, les articles pour l’encyclopédie furent rejetés par Engels comme des «travaux purement alimentaires […] qu’on peut enterrer sans remords», in Friedrich Engels à Hermann Schlüter, 29 janvier 1891, in Karl Marx, Friedrich Engels, Opere, op. cit., vol. IL, p. 18.
15. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 décembre 1857, ibid. vol. XL, cit., p. 234.
16. Karl Marx à Friedrich Engels, 28 janvier 1858, ibid., p. 280.
17. Karl Marx à Friedrich Engels, 22 février 1858, ibid., p. 299.
18. Karl Marx à Friedrich Engels, 22 mai 1857, ibid., p. 141.
19. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 juillet 1857, ibid., p.154.
20. Friedrich Engels à Karl Marx, 11 juillet 1857, ibid., p. 155.
21. Karl Marx à Friedrich Engels, 14 janvier 1858, ibid., p. 272.
22. Karl Marx à Friedrich Engels, 15 août 1857, ibid., p. 166.
23. Karl Marx à Friedrich Engels, 14janvier 1858, ibid., p. 272.
24. Friedrich Engels à Karl Marx, 29 octobre 1857, ibid., p. 214.
25. Friedrich Engels à Karl Marx, 15 novembre 1857, ibid., p. 223.
26. Friedrich Engels à Karl Marx, 31 décembre 1857, ibid., p. 258.
27. Jenny Marx à Conrad Schramm, 8 décembre 1857, ibid., p. 686.
28. Karl Marx à Friedrich Engels, 5janvier 1858, ibid. pp. 260-61.
29. Friedrich Engels à Karl Marx, 6janvier 1858, ibid., p. 262.
30. Karl Marx à Friedrich Engels, 1 février 1858, ibid., p. 287.
31. Karl Marx à Friedrich Engels, Il janvier 1858, ibid., p. 269.
32. Karl Marx à Ferdinand Lassalle, 22 février 1858, ibid., p. 577.
33. Karl Marx à Friedrich Engels, 14janvier 1858, ibid., p. 273.
34. Karl Marx à Friedrich Engels, 29 mars 1858, ibid., p. 326.
35. Karl Marx à Friedrich Engels, 2 avril 1858, ibid., p. 329.
36. Karl Marx à Ferdinand Lassalle, 21 décembre 1857, ibid., p. 575.
37. Karl Marx à Conrad Schramm, 8 décembre 1857, ibid., p. 573.
38. Karl Marx à Friedrich Engels, 22 février 1858, ibid., p. 300.
39. Karl Marx à Friedrich Engels, 23 janvier 1858, ibid., p. 276.
40. Karl Marx à Friedrich Engels, 29 mars 1858, ibid., pp. 326-27.
41. Karl Marx à Ferdinand Lassalle, 22 février 1858, ibid., p. 579. La citation latine «Je hais la plèbe ignorante et je l’écarté» est tirée d’Horace, Odes, livre III, 1.
42. Karl Marx à Ferdinand Lassalle, 31 mai 1858, Karl Mars, Friedrich Engels, Opere, op. cit., vol. XL, p. 588.
43. Friedrich Engels à Karl Marx, 17 mars 1858, ibid., p. 319.
44. Friedrich Engels à Karl Marx, 17 mars 1858, ibid., p. 322.
45. Friedrich Engels à Karl Marx, 11 février 1858, ibid., p. 293.
46. Karl Marx à Friedrich Engels, 14 février 1858, ibid., p. 294-95.
47. Jenny Marx à Friedrich Engels, 9 avril 1858, ibid., p. 689.
48. Karl Marx à Friedrich Engels, 23 avril 1857, ibid., p. 132.
49. Karl Marx à Friedrich Engels, 29 avril 1858, ibid., p. 339. La citation latine «voila la cause des larmes» est tirée de Térence, L’Andrienne, Acte I, scène 1.
50. Karl Marx à Ferdinand Lassalle, 31 mai 1858, in Karl Marx, Friedrich Engels, Opere, op. cit., vol. XL, p. 587.
51. Karl Marx à Friedrich Engels, 1er mai 1858, ibid., p. 342.
52. Karl Marx à Friedrich Engels, 31 mai 1858, ibid., p. 343-44.
53. Karl Marx à Friedrich Engels, 21 septembre 1858, ibid., p. 369.
54. Karl Marx à Friedrich Engels, 15 juillet 1858, ibid., p. 354.
55. Karl Marx à Friedrich Engels, 15 juillet 1858, ibid., p. 354-57.
56. Karl Marx àjoseph Weydemeyer, 1er février 1859, ibid., p. 600.
57. Karl Marx à Friedrich Engels, 13 août 1858, ibid., p. 367.
58. Friedrich Engels à Karl Marx, 7 octobre 1858, ibid., p. 373.
59. Karl Marx à Friedrich Engels, 11 décembre 1858, ibid., p. 390.
60. Friedrich Engels à Karl Marx, 7 octobre 1858, ibid., p. 373.
61. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 octobre 1858, ibid., p. 376.
62. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 octobre 1858, ibid., p. 376-77.
63. Karl Marx à Joseph Weydemeyer, 1er février 1859, ibid., p. 602.
64. Karl Marx à Friedrich Engels, 1er février 1858, ibid., p. 287.
65. Karl Marx à Friedrich Engels, 8 octobre 1858, ibid., p. 375.
66. Karl Marx, Il nuovo manifesto di Mazzini, 21 septembre 1858 (publié le 13 octobre 1858), ibid., vol. XVI, p. 38.
67. Karl Marx à Friedrich Engels, 24 novembre 1858, ibid., vol. XL, p. 386.
68. Karl Marx à Friedrich Engels, 2 novembre 1858, ibid., p. 382.
69. Karl Marx à Joseph Weydemeyer, 1er février 1859, ibid., p. 601.
70. Jenny Marx, Umrisse eines Bewegten Lebens, in Hans Magnus Enzensberger (dir.), Colloqui con MarxeEngels, op. cit., p. 217.