Entretien avec Marcello Musto, auteur des « Dernières Années de Karl Marx », une biographie intellectuelle du vieux Marx entre 1881 et 1883 qui permet de redécouvrir un penseur en mouvement permanent, plus ouvert à la diversité du monde qu’on pouvait le croire. P rofesseur Professeur de sociologie à l’université d’York, près de Toronto, au Canada, Marcello Musto est un des chercheurs les plus importants des études modernes sur Marx. Cet Italien de 47 ans a centré, depuis quelques années, ses recherches sur les dernières années du penseur de Trèves, avec une étude systématique et en profondeur des cahiers publiés dans l’édition complète en allemand qui est toujours en cours, la fameuse « MEGA » (pour Marx-Engels Gesamtausgabe , œuvres complètes de Marx et Engels publiées à Berlin).
La MEGA avait publié les textes de carnets de notes et d’esquisses entre 1875 et 1883 dès 1985 , et en 1999, puis en , des textes issus des lectures sur diverses sciences naturelles comme la biologie, la minéralogie et l’agronomie. Mais ces textes ont très largement été ignorés par les chercheurs marxistes.
Pour Marcello Musto, ils recèlent un Marx en travail permanent, venant corriger, amender, préciser et développer ces idées à la lumière de nouvelles idées, de nouveaux intérêts et de l’évolution de l’histoire. Cette réalité permet de dresser le portrait d’un Marx finalement plus historique que celui qu’on connaissait, autrement dit plus marxien, mais aussi d’un Marx plus ouvert et complexe que celui que dessine la vulgate officielle écrite des années après sa mort.
Dans un ouvrage paru d’abord en anglais en 2020 et qui a été traduit cette année aux Presses universitaires de France sous le titre Les Dernières Années de Karl Marx : une biographie intellectuelle 1881-1883 (281 pages, 19 euros), Marcello Musto raconte les deux dernières années de la vie du penseur. Une vie partagée entre drames familiaux, santé fragile, voyages et études intenses qui l’amènent à noircir des dizaines de pages de carnets.
Le Marx qui est ici décrit est loin de l’image dont l’Occident a hérité au travers de l’histoire du mouvement communiste. C’est un homme en bouillonnement intellectuel permanent, pensant l’apport des cultures extra-européennes, l’émergence de la puissance étasunienne et les questions écologiques, entre autres.
Marcello Musto a rédigé en italien une biographie intellectuelle plus large de Marx, commençant en 1857 ( Karl Marx. Biografia intellettuale e politica, 1857-1883 , Einaudi, 2018, non traduit), et, en français, une introduction aux textes de la Première Internationale ( Pour lire la Première Internationale , Éditions sociales, 2021, 408 pages, 7 euros). Son travail a ouvert la voie à d’autres réflexions, comme celles du Japonais Kohei Saito, et constitue un des axes de la redécouverte actuelle de Marx.
Mediapart: Durant des décennies, le débat dans la pensée marxiste a porté sur le « jeune Marx », les dernières années de Karl Marx étaient largement oubliées, même après la publication des nouveaux volumes de la MEGA. Comment expliquez-vous cela ?
Marcello Musto : Pendant longtemps, de nombreux chercheurs ont mis au premier plan les écrits du prétendu « jeune Marx ». Alors que la Seconde Guerre mondiale créait un sentiment d’angoisse profonde résultant des barbaries du nazisme et du fascisme, le sujet de la condition de l’individu dans la société a acquis une grande importance et l’intérêt philosophique pour Marx a commencé à croître partout en Europe. Ce phénomène était particulièrement fort en France, où l’étude des premiers écrits de Marx (surtout les Manuscrits économiques et philosophiques de 184 4 et l’ Idéologie allemande ) s’est le plus répandue. Henri Lefebvre avançait que leur assimilation était « l’événement philosophique décisif de l’époque » . Dans ce processus très varié s’étendant dans les années 1960, de nombreux écrivains de différentes origines culturelles et politiques ont cherché à accomplir une synthèse philosophique entre marxisme, hégélianisme, existentialisme et pensée chrétienne.
Beaucoup de biographes ont pensé à tort que Marx avait abandonné l’idée de compléter son œuvre et ils n’ont pas regardé dans les archives ce qu’il a effectivement fait durant cette période.
Le débat a donné lieu à beaucoup d’écrits de mauvaise qualité dans plus d’un cas, tordant les textes de Marx pour coller aux convictions politiques de ceux qui y participaient. Raymond Aron a justement ridiculisé la fascination de certains écrivains pour l’obscurité, l’incomplétude et parfois le caractère contradictoire de ces écrits précoces. Dans ces textes, on trouve de nombreuses idées qui seront améliorées, ou même dépassées, dans l’œuvre plus tardive de Marx. Mais c’est surtout dans le Capital et dans ses brouillons préliminaires, ainsi que dans ses recherches des dernières années, que l’on trouve certaines des réflexions sur la critique du mode de production capitaliste qui sont les plus utiles aujourd’hui.
Pendant longtemps, on a ignoré l’existence de manuscrits regroupant les recherches des dernières années de la vie de Marx, spécialement celles du début des années 1880, et cela a empêché la connaissance des avancées importantes qu’il y a effectuées. C’est pourquoi tous ses biographes ont consacré si peu de pages à son activité après l’échec de la Première Internationale (l’Association internationale des travailleurs – AIT) en 1872. Ces derniers ont pensé à tort que Marx avait abandonné l’idée de compléter son œuvre et ils n’ont pas regardé dans les archives (alors que l’existence de ces textes était rendue évidente par la correspondance) ce qu’il a effectivement fait durant cette période. Nous devons donc ajouter que la majorité de ces matériaux sont difficiles à comprendre. Ce sont surtout des esquisses d’idées incluses dans des cahiers de notes que Marx a remplis avec des extraits de livres qu’il était en train de lire et des réflexions que ces lectures lui inspiraient.
Mais s’il existe quelques justifications pour de tels choix dans le passé, les nouveaux matériaux disponibles dans la MEGA aujourd’hui et le volume de littérature secondaire sur le « Marx tardif » depuis les années 1970 auraient dû inverser la tendance. Or, au contraire, la longue biographie de Gareth Stedman Jones, Karl Marx : Greatness and Illusion (Penguin, 2016, non traduit) qui examine toute la période 1872-1883 comme un court épilogue, tout en consacrant trois chapitres et 150 pages à la période 1845-49, est juste un exemple de mauvaise recherche. Pour ne pas parler du déplorable livre de Jonathan Sperber, Karl Marx : homme du XIX siècle (traduit en français chez Piranha en 2017), qui ignore simplement les derniers textes de Marx.
Mediapart: Dans quels buts avez-vous entrepris ces recherches sur la fin de la vie de Marx ?
Marcello Musto:Une des principales raisons de ma recherche est de m’opposer aux mauvaises représentations de Marx – comme un auteur eurocentriste, économiste et qui réduirait tout aux oppositions de classes – qui sont en vogue aujourd’hui. Inutile de dire que ceux qui défendent cette thèse n’ont jamais lu Marx ou sont encore attachés aux interprétations mécanistes qui prévalaient dans les manuels marxistes-léninistes qu’ils ont lus dans leur jeunesse.
Marx a entrepris des investigations étendues sur les sociétés non-européennes et s’est toujours exprimé sans ambiguïté contre les ravages du colonialisme. Ces considérations sont absolument évidentes pour quiconque a lu Marx, en dépit du scepticisme de certains cercles académiques qui représentent un décolonialisme étranger et assimilent Marx à un penseur libéral. Par exemple, quand Marx a écrit sur la domination britannique en Inde (après les écrits journalistiques des années 1850, il reviendra sur le sujet en 1881), il a affirmé que les colons anglais avaient seulement été capables de « détruire l’agriculture indigène et de doubler le nombre et l’intensité des famines »
Dans ses dernières années, Marx a cru que le développement du capitalisme partout n’était pas une condition pour la révolution : elle pouvait aussi commencer en dehors de l’Europe. La « ductilité » [capacité de se déformer sans rompre – ndlr] théorique de Marx est très différente des positions de certains de ses disciples et contribue à la nouvelle vague d’intérêt pour ses théories, du Brésil à l’Asie.
Mediapart: L’impression que l’on a à vous lire est celle d’un travail très intense durant cette période. Mais cela n’a conduit ni à des publications, ni à la rédaction du deuxième livre du Capital . Comment expliquer cette incapacité de Marx de terminer son œuvre ?
Marcello Musto: La mauvaise santé constante de Marx, à laquelle se sont ajoutés ses soucis quotidiens, a joué un rôle significatif dans l’incapacité de Marx de finaliser une partie de la recherche conduite pendant ses dernières années. Mais il faut également ajouter que sa méthode rigoureuse et son autocritique sans pitié ont augmenté les difficultés à finir beaucoup de ce qu’il avait entrepris.
C’était déjà le cas quand il était plus jeune – avec beaucoup de ses manuscrits laissés inachevés – et cela était encore plus le cas à la fin de sa vie. Sa passion pour le savoir est restée intacte au fil du temps et l’a toujours conduit à de nouvelles études. Pour cette raison, à la fin des années 1870, il s’est embarqué dans une nouvelle étude sur la banque et le commerce et, jusqu’au début de 1881, il a écrit de nouvelles versions de différentes parties du volume 2 du Capital – particulièrement concernant une étude qu’il a faite quand il avait considéré les représentations monétaires comme n’étant que qu’une simple couverture du contenu réel des relations monétaires.
À côté de ses études spécifiques, un obstacle majeur à l’achèvement du “Capital” a été le fait que Marx a approfondi sa connaissance des développements économiques de la Russie et des États-Unis. Cela a représenté un effort considérable, qui a rendu son objectif encore plus difficile à atteindre.
Un exemple similaire peut être pris au regard des études qu’il a faites au sujet de l’agronomie, de la géologie et de la propriété de la terre en Russie et aux États-Unis. Elles ont été menées pour retravailler complètement la section sur la rente foncière dans le volume 3 du Capital puisque Marx n’était pas satisfait de ce qu’il avait écrit auparavant. Finalement, d’autres difficultés ont accompagné le travail de révision du volume 1, comme le prouve le temps pris par Marx pour réviser la traduction française de Joseph Roy, publiée entre 1872 et 1875.
À côté de ses études spécifiques, un obstacle majeur à l’achèvement du Capital a été le fait que Marx a approfondi sa connaissance des développements économiques de la Russie et des États-Unis. Cela a représenté un effort considérable, qui a rendu son objectif encore plus difficile à atteindre. À partir de 1878, Marx a étudié les rapports du Bureau de statistiques de l’Ohio et, peu après, a tourné son attention vers la Pennsylvanie et le Massachussetts. Il prévoyait de suivre les dynamiques du mode de production capitaliste à une échelle plus globale dans les volumes du Capital qui restaient à écrire. Si l’Angleterre avait été la toile de fond du volume 1, les États-Unis auraient pu représenter un nouveau champ d’observation qui lui aurait permis d’étendre son travail.
Il s’attachait à vérifier de plus près les formes dans lesquelles le mode de production capitaliste se développait dans les différents contextes et les différentes périodes. Par exemple, Marx était particulièrement intéressé par le développement des compagnies par actions et par l’impact de la construction des chemins de fer sur l’économie. Selon lui, les chemins de fer avaient donné un élan jamais imaginé auparavant à la concentration du capital, et cela était arrivé dans des pays où le capitalisme était encore sous-développé.
La même chose était arrivée avec les prêts de capitaux. C’était devenu une activité cosmopolite, qui avait rapidement embrassé le monde entier, créant un réseau d’arnaques financières et d’endettements mutuels. Cela lui a pris du temps pour comprendre ces phénomènes et Marx était bien conscient de l’ampleur de la tâche qui était devant lui. Non seulement, il avait besoin de revenir sur certaines parties de ses manuscrits et d’améliorer leur contenu, mais il devait faire face à une tâche encore plus pressante, qui était de régler les problèmes théoriques qui demeuraient non résolus. Seule l’énergie qu’il avait dans les années 1850, quand il a écrit les Grundrisse (et les études relatives aux théories de la plus-value), lui aurait permis d’accomplir cette nouvelle tâche de titan qu’il s’était lui-même imposée.
Mediapart: Une des questions centrales des deux années que vous décrivez dans le livre est celle de la Russie et, plus globalement, du lien entre capitalisme et socialisme. Avec la fameuse lettre à Véra Zassoulich de 1881, Marx cesse-t-il d’être eurocentriste ? Et, dès lors, y a-t-il eu une impossibilité d’Engels, ensuite, de comprendre ce mouvement à l’intérieur de la pensée de Marx ?
Marcello Musto: À partir de 1870, après avoir appris à lire le russe, Marx commence une étude sérieuse sur les changements socio-économiques qui ont lieu en Russie. C’est ainsi qu’il fait connaissance avec le travail de Nikolay Chernyshevsky, figure principale du « populisme » russe (à l’époque, ce terme a une connotation de gauche et anticapitaliste). En étudiant cette œuvre, Marx découvre des idées originales sur la possibilité que, dans certaines parties du monde, le développement économique passe par-dessus le mode de production capitaliste avec toutes ses terribles conséquences pour la classe ouvrière en Europe occidentale.
Chernyshevsky écrivait que tous les phénomènes sociaux ne passaient pas nécessairement à travers toutes les étapes logiques dans la vie réelle des sociétés. En conséquence, les caractéristiques positives de la commune rurale russe (l ‘obchtchina ) devaient être préservées mais elles ne pouvaient assurer le bien-être des masses paysannes que si elles étaient insérées dans un contexte productif différent. L’ obchtchina ne pouvait contribuer à une étape initiale de l’émancipation sociale que si elle devenait l’embryon d’une nouvelle organisation sociale radicalement différente. Sans les découvertes scientifiques et les innovations technologiques qui sont associées à la montée du capitalisme, l’ obchtchina ne pourrait jamais être transformée en une expérience de coopération agricole moderne, un élément pertinent pour une future société socialiste.
Quand Véra Zassoulich a demandé à Marx en 1881 si l’ obchtchina était destinée à disparaître ou si elle pouvait être transformée dans une forme socialiste de production, Marx a défendu un point de vue critique du processus de transition des formes communales du passé vers le capitalisme. Il ne croyait pas que le capitalisme fût une étape nécessaire pour la Russie. Marx ne pensait pas que l’ obchtchina était destinée à suivre le même sort que les communes du même genre en Europe occidentale au cours des siècles précédents, où la transformation de la société basée sur la propriété commune vers une société basée sur la propriété privée avait été plus ou moins uniforme. L’allégation d’eurocentrisme (un des principaux arguments de ceux qui s’opposent aujourd’hui au « retour de Marx ») ne tient donc pas. Les interprétations unilatérales et superficielles de Marx à la Edward Said [XXXX, ndlr] ont été démontées par la recherche la plus rigoureuse au cours des quinze dernières années.
Concernant Engels, je pense que vers la fin de sa vie, il a été trop coupable d’une acceptation passive du cours de l’histoire (et de l’illusion de sa tendance progressiste). Le doute de Marx a été remplacé par une conviction que, même dans un pays comme la Russie, le capitalisme était une étape indispensable du développement économique. Bien sûr, la Russie changeait beaucoup et vite. Après tout, c’est aussi pour cela que Marx était très prudent dans sa réponse à Zassoulich et a décidé de publier seulement une petite partie de cette dernière. Inutile de dire que la Russie du début des années 1880 ne peut pas être comparée avec ce qu’elle était devenue à l’époque de Lénine.
Mediapart: Dans son dernier livre , le chercheur japonais Kohei Saito, qui vous cite par ailleurs, défend l’idée d’une « coupure épistémologique » dans l’œuvre de Marx après la parution en 1867 du volume 1 du « Capital ». Une coupure qui modifierait entièrement sa vision du socialisme. Êtes-vous en accord avec cette idée ?
Marcello Musto: Non, je suis en désaccord. J’ai toujours été sceptique au sujet des interprétations à la Louis Althusser dans laquelle d’imaginaires « coupures » viendraient diviser l’œuvre de Marx en plusieurs morceaux. Il n’y a pas deux ou trois Marx, mais seulement un auteur – très rigoureux et très critique de lui-même – qui développe constamment ses idées. L’ouverture théorique du « dernier » Marx qui l’amène à considérer d’autres routes vers le socialisme ne devrait pas être confondue avec un changement dramatique au regard de ses écrits précédents.
Dans le passé, des auteurs comme Haruki Wada, Enrique Dussel ou d’autres ont partagé une lecture prétendument « tiers-mondiste » du dernier Marx, suggérant même qu’après un certain point, pour lui, le sujet révolutionnaire n’était plus l’ouvrier des usines, mais les masses de la campagne et de la périphérie.
Marx était certainement plus attentif aux spécificités historiques et aux divergences de développement économique et politique dans des contextes nationaux et sociaux différents, et c’est pourquoi il continue à être très utile pour comprendre le « Sud global »). Mais les idées de Marx sont toujours restées en opposition complète avec des gens comme Alexander Herzen [1812-1870, autre penseur populiste russe défendant un socialisme de petites communes indépendantes formées d’individus libres soudés par le panslavisme – ndlr] , pour ne prendre qu’un exemple. La possibilité d’une révolution en Russie ne pouvait pas s’inscrire dans le panslavisme, au regard tant des formes nécessaires de capture du pouvoir politique que des conditions nécessaires à la naissance d’une société post-capitaliste.
Mediapart: Quelle pourrait être l’importance de cette découverte des dernières années de Marx dans l’héritage de sa pensée pour notre époque ? Pourquoi est-il encore, aussi inachevé soit-il, une pensée cruciale pour comprendre notre époque ?
Marcello Musto: Durant cette époque, Marx est allé en profondeur sur de nombreuses autres questions – qui ont été par le passé sous-estimée et même ignorée par les chercheurs –, qui sont d’une importance cruciale pour l’agenda politique de notre temps. L’importance que Marx accorde à la question écologique est au centre de quelques-unes des études majeures consacrées à son œuvre au cours des deux dernières décennies. À de nombreuses reprises, il a dénoncé le fait que l’expansion du mode de production capitaliste augmentait non seulement l’exploitation de la classe laborieuse, mais aussi le pillage des ressources naturelles. Dans le Capital , Marx observe que, quand le prolétariat aura établi un mode de production communiste, la propriété privée du globe par des individus paraîtra aussi absurde que la propriété privée des êtres humains par d’autres êtres humains.
Marx était aussi très intéressé par la question des migrations et, parmi ses dernières notes, on trouve des écrits sur le pogrom qui a eu lieu à San Francisco en 1877 contre des migrants chinois. Marx se dresse contre les démagogues antichinois qui prétendent que les migrants « vont affamer les prolétaires blancs » et contre ceux qui tentaient d’imposer des positions xénophobes dans la classe ouvrière. Au contraire, Marx a montré que le mouvement forcé du travail créé par le capitalisme était une composante importante de l’exploitation bourgeoise et que la clé pour la combattre était la solidarité de classe entre les travailleurs, quelles que soient leurs origines et sans distinction entre travail local et « importé ».
Je pourrais continuer avec de nombreux autres exemples concernant la critique du nationalisme, de la liberté individuelle dans la sphère économique et aussi de l’émancipation de genre.
Marx a encore tant à nous apprendre et la dernière phase de sa vie intellectuelle nous aide à comprendre combien il est indispensable pour repenser une alternative au capitalisme. Et c’est encore plus urgent aujourd’hui qu’à son époque.